L'oncle Marcel Yvan Dutronc Toby Awashish Sylvie Couture La population locale Le gouvernement
 

La population locale


 Source: RÉCIT national de l'univers social

Lettre à Marie-Lune Lafleur,
9, rue du Pont
Ste-Banlieue-de-la-Métropole, Qc.

Salut ma blonde!

Je rentre à peine d’Amos, où je suis allé passer ma journée de congé avec Toby, mon compagnon de tente. Il connaît bien le coin, puisqu’il vient de Pikogan, un village algonquin, au nord de la ville.

Au dîner, nous nous sommes installés au comptoir d’un petit resto chouette pour déguster une bonne poutine et une bière d’épinette. Mine de rien, nous nous sommes mis à écouter les conversations des gens du coin : tout le monde parlait de la compagnie forestière, des nouvelles lois du gouvernement en matière de forêt et des manifestations des écologistes du coin. Et ça parlait fort là dedans!

Les gens étaient très inquiets à propos des nombreux emplois que fournit l’industrie forestière dans la région. D’après plusieurs personnes, les mesures gouvernementales qui doivent réduire la quantité de bois que les compagnies ont le droit de couper risquent d’avoir un effet terrible : les compagnies vont certainement mettre plusieurs employés à pied, diminuer les salaires ou même carrément fermer. Il faut comprendre que dans cette région, à part l’industrie minière ou la foresterie, il n’y a pas beaucoup d’emplois disponibles pour les ouvriers…

Dans la salle, il y avait cependant des gens qui défendaient l’idée de mieux contrôler l’exploitation forestière. Aux quelques travailleurs de l’industrie de la forêt qui appuyaient la position des compagnies, une dame a rétorqué : « Pensez à vos enfants, leur a-t-elle dit. Quelle qualité de vie et quelle perspective d’emploi auront-ils si on ne gère pas mieux la forêt? Devrons-nous fermer l’Abitibi lorsqu’il n’y aura plus d’arbres à couper? »

Au moment où le proprio du restaurant est venu se mêler de la discussion en argumentant que, sans les touristes qui viennent profiter de la forêt, sa petite affaire ne pourrait certainement pas survivre, le débat est devenu si houleux que nous sommes sortis, la tête et l’estomac bien remplis…

À la prochaine ma belle!
Ton Robin

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